La Saint-Valentin, célébrée le 14 février, est bien plus qu’une fête des amoureux. Ses racines plongent dans l’Antiquité païenne, l’histoire de l’Église et les traditions du Moyen Âge. Découvrons ensemble son évolution au fil du temps.
Les origines avec les Lupercales 🐺
Dans la Rome antique, vraisemblablement à partir du VIIIe siècle avant J.-C., on célèbre les Lupercales. Celles-ci se tiennent du 13 au 15 février pour honorer Faunus, dieu des troupeaux et de la fertilité.
La cérémonie, orchestrée par un groupe de prêtres appelés les luperques, débute avec le sacrifice d’un bouc dans une grotte au pied du mont Palatin, l’une des sept collines de Rome.
Les participants, vêtus de peaux de bouc, courent ensuite dans les rues de Rome en fouettant le ventre des passants avec des lanières de peau, censées apporter fertilité.
Qu’on soit bien clair, à cette époque, les Lupercales ne sont pas associées à l’amour. C’est un peu plus… sauvage, dirons-nous.
Malgré leur interdiction progressive par l’Église, ces rituels marquent l’imaginaire collectif.
Valentin de Terni ✝️
Au IIIe siècle, l’évêque Valentin de Terni tient une place particulière dans la naissance de la Saint-Valentin. Il lui donne son nom, déjà. Mais savez-vous pourquoi ?
À cette époque, l'empereur Claude II abolit le mariage (rien que ça) parce qu’il veut des soldats, plein de soldats, et que les soldats, ils n’ont pas de temps pour l’amour.
Valentin n’approuve pas du tout. Il désobéit et continue de marier les couples, considérant le mariage comme essentiel. Cet acte de rébellion lui vaut l’emprisonnement et, finalement, la mort par décapitation, un 14 février supposé.

Une légende romantique raconte que Valentin aurait guéri miraculeusement la fille aveugle de son geôlier, et avant sa mise à mort, il lui aurait écrit une lettre signée « Valentin ». Ce geste, mi-historique, mi-romancé, va planter la graine d’une tradition que l’on retrouvera quelques siècles plus tard.
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Gélase Ier, réformateur et stratège 🔥
Au Ve siècle, les Lupercales païennes résistent encore et toujours à l’expansion du christianisme.
En 494, le pape Gélase Ier prend des mesures décisives pour mettre fin à cette fête qu’il considère comme immorale. Il interdit les Lupercales puis institue la fête de la Purification de la Vierge Marie, célébrée le 2 février et connue aujourd’hui sous le nom de « Chandeleur« .
Pour continuer de détourner l’attention des célébrations païennes de mi-février, Gélase Ier met aussi en avant saint Valentin, dont la date présumée de mort tombe pile au bon moment. Ce choix stratégique, avec une transition entre rites païens et chrétiens, contribue à associer le saint à « la rencontre » pour les couples, bien qu’on ne parle pas encore d’amour et encore moins de romantisme.
En effet, Gélase Ier ne réussit pas son pari. Les païens défilent aux flambeaux pour la Chandeleur, parfait, mais en profitent pour imaginer des loteries amoureuses lors des Lupercales où « Valentins » et « Valentines » sont associés pour des fêtes plus ou moins… libertines, oups. Bref, désolé Gélase Ier. L’intention était là, mais pour l’exécution, il faudra repasser.
Les traditions galantes du XIVe siècle en Angleterre 🍃
Au XIVe siècle, les traditions païennes ont disparu depuis longtemps et la Saint-Valentin commence enfin à être associée à un amour plus… courtois. À la cour d’Angleterre, on associe pour la journée (et même parfois pour l’année) de jeunes hommes et jeunes femmes qui doivent alors faire preuve de galanterie en s’écrivant des poèmes ou se faisant des cadeaux.
Dans ses écrits, Geoffrey Chaucer, un écrivain et poète anglais mort en 1400, évoque le 14 février comme le jour où les oiseaux trouvent leur partenaire :
Car c’était la Saint-Valentin, jour où tous les oiseaux viennent choisir leur partenaire.
Geoffrey Chaucer
Cette symbolique inspire d’autres illustres personnages comme Charles d’Orléans, duc d’Orléans et de Valois et futur père de Louis XII, emprisonné à la Tour de Londres après le désastre de la bataille d’Azincourt en 1415, qui profite de cette date de la Saint-Valentin pour écrire des poèmes dédiés à sa femme qui attend sa libération depuis la France. Ces correspondances poétiques seraient les premières « lettres de la Saint-Valentin ». Charles d’Orléans ne reverra malheureusement pas sa femme après 25 années d'emprisonnement. Celle-ci meurt avant sa libération.
Le rôle du pape Alexandre VI ✍️
En 1496, le très controversé pape Alexandre VI, né Rodrigo Borgia, officialise saint Valentin comme saint patron des amoureux, certainement pour renforcer l’influence de l’Église sur les traditions populaires pratiquées à cette occasion en les intégrant dans le cadre religieux.
On se rappellera surtout d’Alexandre VI comme l’un des papes les plus controversés de l’Église Catholique : il a reconnu avoir eu plusieurs enfants avec ses maîtresses, ce qui était en contradiction avec les vœux de chasteté attendus d’un pape et a même été accusé d’avoir organisé des orgies au Vatican. On vous passe le reste, il mérite son propre article.
Dans tous les cas, ce choix de faire de saint Valentin le saint patron des amoureux et de mettre en lumière LA Saint-Valentin renforce encore plus la date du 14 février déjà bien ancrée culturellement.
Une fête qui se modernise 💶
Du Moyen Âge à nos jours, la Saint-Valentin a bien changé. La tradition des poèmes a laissé place aux cartes, puis aux chocolats, aux dîners romantiques et à bien d’autres cadeaux divers et variés que l’on s'empresse d’acheter pour démontrer notre amour l’être cher.
La fête s’est modernisée et est aussi devenue un enjeu commercial majeur dans le monde entier. Si bien même que la Saint-Valentin en a perdu son caractère religieux. Le pape Paul VI l’a retirée du calendrier liturgique en 1969.
La Saint-Valentin continue de s’internationaliser. Au Japon, par exemple, la fête prend une tournure originale : le 14 février, ce sont les femmes qui offrent des chocolats, souvent avec un message romantique. Un mois plus tard, lors du White Day le 14 mars, les hommes rendent la pareille en offrant à leur tour des cadeaux. En Chine, la Saint-Valentin gagne du terrain face à Qixi, une autre célébration de l’amour qui a généralement lieu en août et qui est souvent surnommée la « Saint-Valentin chinoise ».
Bref, qu’elle soit païenne, religieuse ou commerciale, la Saint-Valentin est devenue, au fil des âges, une célébration universelle de l’amour et des couples, ancrée dans des siècles d’histoire.
Alors, que vous soyez « Valentin » ou « Valentine », le 14 février est le moment privilégié pour exprimer ses sentiments… ou pour manger des chocolats, au choix.
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Elle s’est popularisée au XIXe siècle avec l’envoi de cartes. Au XXe siècle, les marques ont amplifié le phénomène en profitant de cette période pour promouvoir des cadeaux comme fleurs et chocolats.
Oui, en Chine, le 11 novembre (Double 11) célèbre les célibataires. On y célèbre aussi l’amour de soi, souvent avec des cadeaux personnels.
Certains pays, comme l’Arabie Saoudite, interdisent sa célébration pour des raisons religieuses et culturelles.
Au Brésil, elle se célèbre le 12 juin, veille de la Saint-Antoine, considéré comme le saint des mariages, où les couples échangent des cadeaux.
C’est la date supposée du martyre de Valentin de Terni, au IIIe siècle. L’Église l’a adoptée pour remplacer les Lupercales païennes.
Non, certains couples préfèrent délaisser l’aspect commercial et optent pour des célébrations plus personnelles ou choisissent de ne pas la fêter du tout.