Début 2025, une étude alarmante de Gaspard LEMAIRE, chercheur à l’Université d’Anger, met en lumière un problème méconnu mais préoccupant : plus de 600 000 Français seraient exposés à une eau du robinet contaminée au Chlorure de vinyle monomère. Après les PFAS, voici donc le CVM. Ce gaz cancérogène, longtemps passé sous le radar, s’invite dans l’eau potable à cause d’anciennes canalisations en PVC. Mais, de quoi parle-t-on vraiment ?
Le chlorure de vinyle monomère : un danger caché dans les canalisations ⚠️
Le chlorure de vinyle monomère est un gaz généré par la dégradation des tuyaux en PVC, autrefois omniprésents dans les réseaux d’eau potable. Bien que sa toxicité soit connue depuis les années 1970, ces conduites, interdites en 1978, n’ont jamais été systématiquement remplacées.
Résultat : dans les petites communes rurales, où l’eau circule moins, ce gaz migre dans le réseau, exposant les habitants à des niveaux supérieurs aux normes européennes (0,5 µg/L). Le danger du chlorure de vinyle monomère est donc particulièrement important dans ces régions.
Pourquoi c’est préoccupant ? 🤔
Classé cancérogène depuis 1987, le CVM est associé aux cancers du foie chez l’animal (que ce soit par ingestion ou par inhalation) et potentiellement chez l’humain. Aucune étude épidémiologique exhaustive n’a encore mesuré la réalité des risques pour les populations humaines exposées, bien qu’une grande partie de ces risques soient liés directement au chlorure de vinyle monomère.
Quelles sont les régions les plus touchées par le CVM ? 🇫🇷
La contamination au Chlorure de vinyle monomère (CVM) dans l’eau potable ne touche pas de manière uniforme le territoire français. Certaines régions, notamment rurales, sont plus exposées en raison de leur réseau de canalisations âgées en PVC. Voici les principales zones concernées et leurs spécificités :
Nouvelle-Aquitaine
- Nombre de dépassements : 2 188 cas recensés.
- Taux maximum relevé : 738 µg/L dans la commune de Val de Louyre et Caudeau, soit 1 400 fois la limite autorisée.
- Explication : 44 000 km de canalisations en PVC identifiées, dont 2 000 km avec un temps de stagnation de l’eau supérieur à 48h.
Normandie
- Nombre de dépassements : 2 792 cas.
- Pointe de contamination : 9,97 µg/L à Grangues.
- Situation critique : L’Orne est le département le plus touché avec 1 196 dépassements.
Pays de la Loire
- Concentration élevée en Sarthe : Des communes rurales comme Saint-Georges-de-la-Couée présentent des taux supérieurs aux normes depuis des décennies.
- Faibles connaissances des réseaux : L’insuffisance des diagnostics complique la gestion.
Occitanie
- Exemples de contamination : Plusieurs cas dépassant largement 0,5 µg/L, mais des données encore partielles.
Bourgogne-Franche-Comté
- Nombre de dépassements : 490.
- Pire taux relevé : 74 µg/L à Arc-sur-Tille.
- Départements concernés : La Nièvre et la Saône-et-Loire.
Bretagne
- Cas recensés : 134 dépassements.
- Taux le plus élevé : 25,23 µg/L à Lannédern.
- Efforts engagés : 500 km de canalisations remplacées depuis 2019.
Ile-de-France et Grand Est
- Les données restent fragmentaires bien que plusieurs dépassements soient confirmés. On ne peut donc que spéculer sur l’étendue de la contamination au chlorure de vinyle monomère dans ces régions.
Ces régions illustrent l’étendue du problème : des réseaux vieillissants, un suivi non uniforme et une exposition prolongée pour des centaines de milliers de Français.
Quelles solutions ? ☝️
La rénovation complète des canalisations reste la seule réponse durable, mais elle représente un coût énorme pour les collectivités. Des purges temporaires limitent les risques à court terme, mais cela ne suffit pas. Une action coordonnée entre l’État et les collectivités est urgente pour éviter que des Français continuent à être exposés à une substance cancérogène comme le chlorure de vinyle monomère dans leur eau du quotidien.
Le CVM est un gaz cancérogène produit par la dégradation des canalisations en PVC installées avant 1978 dans les réseaux d’eau potable.
Renseignez-vous auprès de votre mairie ou du fournisseur d’eau local. En cas de doute, des analyses privées peuvent détecter la présence de CVM.
Le CVM est classé cancérogène, notamment pour le foie. Son exposition peut provoquer des troubles graves à long terme, bien qu’aucune étude exhaustive n’existe encore pour l’humain.
Ces tuyaux, largement utilisés avant leur interdiction en 1978, n’ont pas été remplacés dans de nombreuses zones rurales où l’eau stagne plus longtemps.
Non, les filtres classiques ne suffisent pas à éliminer le CVM de l’eau. Seule une rénovation des canalisations peut résoudre le problème à la source.
La limite européenne pour le CVM est fixée à 0,5 µg/L. Certains réseaux contaminés en dépassent largement, jusqu’à 1 400 fois cette valeur.
Aucune altération visible ou odorante n’indique la présence de CVM. Seules des analyses spécifiques peuvent confirmer sa présence.
Le coût élevé des rénovations et la répartition inégale des ressources entre collectivités ont retardé le remplacement de ces infrastructures.
Les purges temporaires réduisent le risque à court terme, mais le remplacement complet des canalisations reste la seule solution durable.